Saisie sous le frisson de vents irrépressibles, lavée par le ressac caressant de l’enveloppe marine, puis noyée par sa masse pénétrante… on est cette plage.
« Luskentyre » a été enregistré sur place dans les Hébrides extérieures écossaises, à l’extrême côte ouest de l’île de Harris. La pièce dure 32′ 45″ en stéréo et représente un cycle de marée alors que les eaux de l’océan Atlantique Nord avancent dans cet environnement magnifique, étrange et fragile. Les systèmes météorologiques ici à l’extrême ouest de l’Europe ont parcouru des milliers de kilomètres à travers l’océan ouvert avant d’arriver et de frapper le littoral de ces îles éloignées. Luskentyre est un paysage sonore qui évolue depuis des dizaines de milliers d’années, un habitat baigné deux fois par jour par les marées qui n’est ni terre ni mer, un endroit où nous pouvons à un moment marcher et nous détendre, mais où il serait impossible de survivre en quelques heures plus tard. Ce sont les sons, les rythmes et la musique d’un autre lieu.
Cette pastille intégrait l’édition spéciale de Soundscape Forever (automne 2008) en collaboration avec Kunstradio
Soundscape forever est un regard tourné vers Raymond Murray Schafer qui développa le concept de paysage sonore dans les années soixante. C’est aussi et surtout la mise en question aujourd’hui de cette notion, ambiguë en même temps qu’hyper sollicitée, qui occupe toujours une place centrale dans la création sonore et musicale. Les paysages n’existent que dans la mesure où des êtres vivants, humains ou animaux, les créent par leurs activités, leurs relations, leurs perceptions. Nous habitons les sons. / Réalisation: Chris Watson